PAGE GRAALESQUE

" LE GRAAL DANS TOUS SES ETATS "...
Dans l'énorme littérature consacrée au Graal, nous sommes confrontés à de multiples pistes qui tentent de cerner et d'expliquer ce qu'est le Graal.
Beaucoup de chercheurs et d'auteurs ont essayé de traquer et de débusquer l'origine et la nature du graal, sans toutefois y parvenir complètement. Jung le rattache aux - archétypes - ces énergies productrices d'images et de symboles.
Il peut s'agir aussi d'une sorte d'onde porteuse de significations singulières, une fréquence qui induit des résonances, des analogies, des similitudes que l'on retrouve dans un immense espace anthropologique.
Il faut, avant de chercher à expliquer le Graal, se demander ce qu'implique le Graal lors de ses apparitions. Et, pour cela, il ne faut pas rester dans des cadres restreints de comparaison, mais oser comparer l'incomparé.

Par exemple, pour éclairer le mythe de la métamorphose tel qu'on le trouve explicité chez Raymond Roussel ou Lewis Carroll, on peut tenter une comparaison avec le Popol-Vuh des Mayas Quiché ou le Koji-Ki de l'ancien Japon, etc... Il est question de compléter un puzzle, les trous laissés béants dans les textes du Graal ou les textes alchimiques.
Ainsi, dans -le Perlesvaux -, le château du Graal est à la fois l'Eden, le Château de la joie et l'Ile des âmes de l'Autre-Monde. or, il y a beaucoup de matière à explorer, car il y a beaucoup de Graal : chez les Celtes, les Persans, les Scythes, etc...
En France, la première apparition du Graal se produit .au XIIè siècle avec " Perceval ou le Conte du Graal " de Chrétien de Troyes. Il s'agit d'une coupe remplie du sang du Christ.
Mais le Graal se révèle vite être tantôt une coupe, une pierre, un objet guérisseur ou initiatique, une énigme merveilleuse de l'Autre Monde. Il peut aussi être comparé à des choses vouées à l'adoration comme des arbres, des lieux sacrés, des bétyles, un omphalos, etc... et des objets que l'on retrouve dans la mythologie : pierre de Fail, épée et lance de Nuada ou de Lug, chaudron de Dagda, etc... le Graal n'est donc pas que chrétien.
Par exemple, dans l'univers du vaudou à Haïti et au Brésil, les - Orishas - (divinités) brandissent les accessoires du dieu qui lui servent de support, tout comme le Graal est censé contenir la divinité. En Afrique, " le panier de justice ", - Bakuba - est un récipient transmis par le dieu au premier roi. Il contient les insignes royaux : peau de léopard, plume d'aigle ou de perroquet et le kaolin qui sert à - oindre le futur roi lors des cérémonies d'intronisation - rite que l'on retrouve lors du sacre des rois de France, en Egypte, en Israël, etc... Ces paniers sont les réceptacles symboliques de l'autorité suprême, le Créateur.
Et des symboles les ornent, ils sont les emblèmes du - lignage - du roi tout comme le graal est susceptible d'être le garant visuel d'une lignée. Le panier porte un signe appelé, " La Maison du roi " (le lignage).
Pour d'autres sociétés, les objets peuvent être du minerai, des pièces de monnaie, des haches ou des galets de rivière. Dans le cas du graal occidental, il s'agit de la coupe, de la pierre, d'une écuelle, d'un plat, d'une corbeille, d'une épée et d'une lance ou d'un chaudron.
Le Graal de l'antiquité chinoise se nomme - le Ding -, c'est un chaudron de bronze ou un vase. Il est également l'emblème du pouvoir souverain. Il signifie " fonder une dynastie ", nous retrouvons encore l'idée de lignage. Celui qui le perdait perdait le pouvoir. Ce chaudron symbolisait l'union du ciel, de la terre et des êtres qui la peuplent. C'est en quelque sorte un mandat du ciel. Ces chaudrons ont aussi des vertus magiques et ne le possède pas qui veut. Le Ding est également le principal objet de culte chez les taoïstes et les bouddhistes chinois. Il est considéré comme le creuset alchimique, l'athanor. Un empereur pouvait y élaborer l'élixir de cinabre. Une autre propriété du chaudron est de concocter la nourriture d'immortalité tout comme les cornes et les corbeilles d'abondance.
Et citons pour finir Richard Wagner dans sa mise en scène à Bayreuth (1989) où insensiblement la forêt, c'est à dire la nature, se " parfait " en se transformant en le Temple du Graal. Une transformation visuelle qu'accompagne déjà les transformations psychologiques du jeune - Reine Tor - étonné : " Je marche à peine et pourtant il me semble être déjà fort loin ". Et auquel répond Gurnemanz : " Tu vois mon fils, ici le temps devient espace. " L'initié passe au travers de la mort. Et chaque fois que les pouvoirs s'enténèbrent, que ceux qui ont en charge le Spirituel collaborent avec toutes les inquisitions possibles, le Graal revient luire doucement dans les ténèbres afin de réenchanter le Gaste Pays. (Résumé - Extraits du " Graal dans tous ses états " - Gilbert Durand)


Par Alexandra Schreyer, 22 novembre 2023 :
LA " MARIE-MADELEINE " de VEZELAY

Cette statue de Marie-Madeleine est l'oeuvre du sculpteur Desvergnes (XIXè s).
Elle a été exécutée lors des rénovations de la basilique effectuées sous la houlette de Viollet le Duc (vers 1840) et les particularités de cette oeuvre sont certainement un résumé des connaissances de l'architecte en matière de spiritualité, d'ésotérisme et de symbolisme concernant Marie-Madeleine.
En effet, - la compagne du Christ - telle qu'elle est nommée dans les Evangiles apocryphes arbore, non seulement un genou proéminent, mais des seins généreux et ses doigts entrecroisés semblent protéger un Graal comme si le contenu du vase était associé à sa matrice.
Mais comment comprendre la présence de Marie-Madeleine à Vézelay alors que d'autres sources situent ses reliques à la Sainte Baume, pour d'autres encore dans les environs de Rennes Le Château ?

La basilique de Vézelay située aux portes du Morvan en Bourgogne est campée sur un éperon rocheux, - le Mont Scorpion - auquel on accède par des ruelles tortueuses.
C'était autrefois probablement un ancien sanctuaire druidique et les traces d'un temple à la gloire de Bacchus ainsi que des décorations associées à la vigne ont été retrouvées sur les lieux. L'abbaye date du XII ème siècle et très tôt des légendes médiévales vont prétendre que les reliques de La Madeleine ont été apportées à Vézelay et qu'elles y font même des miracles.
Si aucun texte de Vézelay ne nous dit de quelle manière les moines sont entrés en possession du corps de Marie-Madeleine, d'anciens témoignages comme " les Gestes des évêques de Cambrai " (XIème) rapportent que, après la mort du Christ, Saint Maximin, l'un de ses disciples, serait parti en Gaule en emmenant Marie-Madeleine.
Après la mort de celle-ci, il l'aurait inhumée près d'Aix en Provence. Mais lorsque les environs furent menacés par les Sarrasins ou les Maures, Girard, comte de Bourgogne, aurait fait transférer les reliques à Vézelay. Un moine, Badilon, grand voyageur de son état, confirmerait ce fait ainsi que le chroniqueur belge, Sigebert de Gembloux qui rapporte la translation du corps de Marie-Madeleine d'Aix à Vézelay vers 745.
Une telle relique méritait un lieu particulier et la colline de Vézelay s'y prête bien puisque son nom, inscrit dans les archives des Franciscains (XVIème siècle) est " le Monte Scorpio ".
Il faut dire que la colline affecte la forme d'un scorpion et que le 22 juillet, date de la fête de La Madeleine, la constellation du Scorpion s'étale au-dessus de la basilique. Dans la mythologie, le Scorpion est le domaine du dieu Pluton (ou Hadès), dieu du monde souterrain. Alors, qu'y-a-t-il sous la colline du Scorpion ? (a.s)

Par Alexandra Schreyer - 24 juin 2021 · LE GRAAL ET LE VIDE

" Le vide, c'est ce qui reste dans un - récipient - après qu'on en a tout extrait.
Mais cette définition est problématique.
Pourquoi ? Parce que si le vide existe, c'est qu'il n'y a plus rien, c'est qu'il est quelque chose de particulier, mais curieusement, ce " quelque chose de particulier " ne doit pas être enlevé quand on fait le vide sous peine de faire du vide en question un pur néant qu'il ne peut pas être puisqu'on vient de dire qu'il était quelque chose...
en clair, pour faire le vide, il faut tout enlever, absolument tout, sauf le vide...
"
(Michel Cassé - astrophysicien et poète)

Est-ce ce vide que contemple Galahad, le seul chevalier assez pur pour pouvoir approcher le contenu du Graal et qui disparaît aussitôt absorbé, aspiré, vaporisé, anéanti, illuminé... après avoir pris conscience de la nature du Graal ? (Le Perugin)
"Ex cinere illustre est vitrum, vi flantis & ignis, Corpora quid nô lim splendida nostra forent ? " "De ses cendres, le verre brillant est fabriqué, par le pouvoir du soufflage et du feu ; que seraient nos corps s'ils n'avaient pas été splendides ? " — Jacobi Bornitii Emblemata éthico politica, c. 1669

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